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Sunday, March 9, 2008

* Extrait du roman de Wimberg "Lipamäe"

Extrait du roman de Wimberg "Lipamäe"
Traduit en français par Eva Toulouze

A sept heures j’avais terminé ma toilette, je m’étais pomponné, peigné et mis sur mon trente-et-un, compte tenu de la solennité de l’occasion. Le panneau amovible entre la chambre de grand-père et le salon avait été ouvert pour faire place à la longue table. Ah cette table! Elle était couverte d’une multitude de plats et d’amuse-gueules. Il y avait toutes sortes de toasts, sur pain noir et sur pain blanc, avec des oeufs durs, des anchois, du fromage, du caviar et du pâté; il y avait de la galantine de porc et six salades: de pommes de terre, de harengs, de riz, de pâtes et de légumes, ainsi qu’une salade russe; il y avait aussi roulades et des filets de saumon, des cuisses de poulet en gelée au laurier, des champignons marinés aux petits oignons, des pâtés à la viande, au riz, au chou et aux champignons, des petits harengs roulés dans la chapelure – et tant de bonnes choses encore! A plein centre, il y avait un immense plat pour les côtes de porc, et à côté des récipients plus petits, pour les pommes de terre bouillies et les choux sautés. Toute la maison était imprégnée de l’odeur appétissante des rôtis, et rien que cette odeur me mettait l’eau à la bouche, parce que je voyais déjà la côte de porc dans mon assiette - immense, juteuse, croustillante... Et il n’y avait pas que du salé! La cave et le garde-manger n’étaient-ils pas pleins de gâteaux, de tartes, de biscuits, de fuits, de jus de fruits... Je voudrais aujourd’hui être la personne la plus affamée du monde pour pouvoir m’en rassasier...

A la cuisine, les côtes de porc étaient déjà sur la cuisinière. Je les fixais, incapable d’en détacher mon regard.

- Voilà, c’est prêt. Juste à l’heure, soupira grand-mère, en s’asseyant sur une chaise, baignée de transpiration. Elle aussi avait ses vêtements du dimanche, protégés des dangers de la cuisine par un grand tablier flottant. Dans la cour, Muki se mit à aboyer.

- Je pense que c’est notre premier invité, suggéra grand-mère. Va vite dire à grand-père d’arrêter de vider les latrines. Et qu’il essaye d’avoir l’air décent pour se présenter devant les invités! Vite, dépêche-toi!

Je sortis. Devant les marches, dans la cour, il y avait les Aaviku et les Ranna.

- Bonjour Jaak, mon garçon, dit Lisette Aaviku, on peut entrer?

J’allais lui répondre “Oui, bien sûr, je vous en prie”, que déjà ma grand-mère faisait les honneurs de la maison. Une Jigouli blanche et une Moskvitch rouge s’arrêtèrent devant le portail: c’étaient les Räägu et les Saarepuu, aussitôt suivis des voisins, Priit, Juku et Linda. Les invités décidèrent qu’il ne valait pas encore la peine d’entrer, il faisait chaud dans la maison, autant attendre dans la cour que la compagnie soit au complet. Alors les hommes allumèrent une cigarette et se mirent à jouer les cheminées pour passer le temps. Les invités firent le tour du jardin, regardant ce qui avait été planté, comment ça poussait et comment ça se faisait qu’on faisait comme ça, eux, ils s’y prenaient autrement etc.

Un autocar RAF amena sur place les invités venus de Türi, les tantes et les oncles avec toutes sortes de jeunes de la deuxième génération, et les anciens camarades de classe et d’autres encore, va savoir exactement qui, qui est le fils ou la fille de qui...

- Comment avez-vous fait à vous procurer cet autocar? demanda, étonné, grand-père, qui entre-temps s’était vite fait bien fait donné une apparence “décente”.

- Tu sais, nous avons pris le car de l’usine de limonade. En général il repart tout de suite, expliqua l’oncle Jaan, en pliant le long filtre d’une cigarette Belamorkanal. Il me demanda l’air enjoué :

- Dis-donc, ça te dirait de venir faire un tour à Türi? Hein? Tu n’as qu’à monter. C’est gratuit aujourd’hui!

Il y avait de plus en plus de bruit devant la maison; à l’intérieur, on entendait les gens s’affairer. Les invités arrivaient les uns après les autres: les Hallimäe et les Nõlvak, les Kaenal et les Lepiku, les Taada et les Väljavahi, les Murakas et les Ojalill, les Alliksaar et les Kruusamäe, les Punapart et les Jõngu, Õie Orb et Mart Tõnise, Hilda Näpu et Otto Vankri, Värdi Vaadam et Bruno Brennar, Linda Neetar et Lilli Miku, Heino Lodi ja Villu Rüütli, Arved Ugar ja Kalju Kilk, le facteur avec sa femme, le médecin Jaan Mõtus avec sa femme et Jüri Ornefeldt et le jeune Pallon et le vieux Toomas – toutes sortes de personnes venues de près et de loin. Les invités ne cessaient d’arriver, il y en avait peut-être cinquante, ou bien soixante, voire – c’est pas vrai! – soixante-dix, on ne s’attendait vraiment pas à tant! Les voitures manoeuvraient, klaxonnaient, essayaient de se garer, et les portières claquaient et les véhicules se vidaient de leur chargement de pères et mères de famille avec leurs enfants et les grands-parents. Beaucoup de ceux qui habitaient à côté étaient venus à pied, et les autres, ceux qui habitaient plus loin, par exemple à Paide ou à Rakvere ou à Tamsalu ou encore à Ardu et qui n’avaient pas de voiture, ils avaient pris un taxi.

Une fois que les Jõngu furent arrivés, leur petit gars me prit à part et me demanda ce que nous avions fait après son départ. – Pas grand chose, lui répondis-je, juste un tour à Sõeru avec le chien.

Grand-mère appela tout le monde à table. J’aperçus mon grand-père remonter de la cave avec une bouteille de vodka.

---

Je donnai un coup de coude au petit gars des Jõngu:

- Viens, allons faire un tour, question de faire de la place pour les gâteaux”. Il avait lui aussi bâfré à n’en plus pouvoir.

Nous allâmes nous asseoir dehors, sur les marches de la veranda, derrière le coin de la maison. Il avait des pantalons bien repassés, dont il relâcha la ceinture. Moi j’avais en général des shorts, je n’avais rien à relâcher.

- L’avantage des anniversaires, soupira-t-il, c’est qu’on peut manger plein de bonnes choses, s’empiffrer à en veux-tu en voilà.

- Mmmmm,” commenté-je.

- Je ne sais pas comment je vais faire, demain, pour me bouger.

- Demain matin, la fête continue. La plupart des gens, ils vont rentrer chez eux pour la nuit, et ils reviennent demain. Bien sûr pas tout le monde. Mais les voisins, les Aaviku, les Ranna...”

Mon copain ne dit rien, il soupira légèrement.

Je poursuivis: - Tu sais à quoi j’ai pensé? Nous pourrions faire un picnic loin d’ici. A un endroit à côté d’une rivière. On irait à trois, on mangerait, on se baignerait, on passerait un bon moment à ne rien faire. Qu’est-ce que tu en dis? C’est ça mon idée. Et puis je me suis dit que, tu te rends compte, de l’autre côté de la forêt il y a des ruines, et nous ne les avons toujours pas explorées. A mon avis, c’est une grave négligence. Il faut rectifier ça. Et nous ne sommes toujours pas allés à la tourbière. Il y a là toutes sortes de machines incroyables, des trucs bizarres qu’on ne trouve que sur les tourbières.

Soudain, comme par enchantement, Rein Jõngu surgit devant moi.

- Alors, qu’est-ce que vous nous concoctez? demanda-t-il avec un sourire.

- Rien, rien du tout.

Il s’assit à côté de nous.

- Mais encore?

- On réfléchissait à tout ce qu’on allait faire cet été –des picnics, un tour à la tourbière.

- Et puis on va passer du temps dans notre cabane nous entraîner au tir et griller des patates, et puis une nuit, on viendra te scalper, ajouta, en plaisantant, son petit gars.

- Ah bon? Vous avez même une cabane? Et les flèches, elles ont bien un clou planté au bout, comme il faut? Ou bien vous tirez avec des baguettes?

- Non, nous avons de vraies flèches.

Soudain Rein Jõngu se souvint de quelque chose; il fronça les sourcils et son regard devint sérieux, passant nerveusement d’une objet à l’autre.

- Dites donc... Cette cabane, elle ne se trouverait pas à proximité de mon pâturage?

Nous écarquillâmes les yeux.

- Comment tu as deviné? demanda son petit gars, la voix rauque.

- Aïe-aïe-aïe! dit Rein, je suis vraiment désolé, mais... hm hm, j’ai transporté du bois aujourd’hui, et sans le faire exprès, avec mon ZIL, en faisant marche arrière j’ai renversé quelque chose comme une cabane, il n’en reste plus grand chose. Elle était bien cachée dans les framboisiers. Je me suis même demandé à qui elle était. Comme les mouflets des Alliku se baladent de temps en temps dans le forêt, je me suis demandé... Bon, écoutez, je suis vraiment désolé, ne m’en voulez pas... (---)

On se leva et on se nettoya les fonds de culotte. Le gars Jõngu avait les poings serrés au fond de ses poches. Il était renfrogné.

Je lui lançai:

- Come on!” et il acquiesça d’un grognement.

Les tantes de Türi avaient de leur propre initiative repris à leur charge les corvées de cuisine. A quelques exceptions près, les invités étaient tous bien gentiment assis à table derrière leurs assiettes bien récurées, attendant le gâteau. Les cadeaux n’avaient pas encore été ouverts. Je chuchotai à ma grand-mère:

- Tu les ouvres quand, les cadeaux?

- Les cadeaux? Eh bien tout de suite!

Je sortis tranquillement de la pièce et grimpai au grenier pour aller chercher mon cadeau. Je me demandai un bon moment si j’allais ajouter une petite carte ou non. Je finis quand même par décider de ne rien mettre. Le morceau de ruban rouge était collé dessus depuis longtemps. Je descendis avec le cadeau et m’arrêtai derrière la porte de la cuisine. Tout était prêt. On entendait le bruit que faisait, au salon, l’ouverture des cadeaux. A de courts intervalles émergeaient les oh! et ah! de ma grand-mère. Je suivais la cérémonie, impatient, appuyé contre le montant de la porte. Les monceaux de papier coloré découvraient de la porcelaine et du cristal, des vêtements et des livres, des couverts, des appareils ménagers et des bricoles – bref, tout ce qu’on offre pour les anniversaires. Et comme toujours, l’ouverture des paquets prit un temps infini : on ne peut quand même pas reposer les cadeaux aussitôt après les avoir découverts! Il faut les tenir en main, les admirer, les toucher et commenter – Oh! Tu te rends compte, juste ce dont j’avais besoin, celle que j’avais, le chien l’a toute rongée, la sale bête – mais là, tout va bien!

Voilà! Enfin, voilà grand-mère qui pose le dernier de ses cadeaux, celui des Jõngu, un poste radio OKEAN 214. J’attends encore un moment pour sortir de ma cachette, mon cadeau à la main. Aussitôt, des dizaines et des dizaines de regards se fixent sur moi. Le silence se fait, surpris et curieux.

Je dis : - Bon anniversaire, grand-mère! Et je lui tends mon cadeau dans un grand pot à fleurs. Ma grand-mère est aussi époustouflée que les autres. Elle dit: - Merci! Mais… c’est quoi comme arbre?

C’est un lilas hongrois.

On entend des frissons d’excitation.

Un lilas hongrois! Oh, merci!

Ma grand-mère a un sourire large jusqu’aux oreilles:

- Jamais encore on ne m’avait fait cadeau d’un arbre! Tu sais quoi? Nous allons le planter dès demain dans le jardin!

Elle met mon cadeau avec les autres, et le regarde encore, admirative:

Tu te rends compte! Un lilas hongrois!

Les invités sourent et les conversations reprennent joyeusement. Je rayonne. Je me rassieds à table, comme dans un rêve, et je frissonne – d’excitation, de bonheur.

* Ein Abschnitt aus dem Roman “Lipamäe” von Wimberg

Ein Abschnitt aus dem Roman “Lipamäe” von Wimberg

Ins Deutsch übersetzt von Ahti Saares

Das Wetter war trüb und dämmerig und es türmten sich die Wolken, vom Regenwasser schwarz am Himmel auf. Ich schob für alle Fälle den Riegel am Aussentür vor. Ich ging in das grosse Zimmer, wo der tüchtige Spiegelschrank steht. In die Augen hinein kann man ja nur dank dem Spiegel. Ich kniete vor dem Spiegel.

Ich beugte mich den Spiegel sehr nahe. Ich vertiefte mich mit dem Blick in mein linkes Auge. Versuchte möglichst tief hineninzuschauen. Nach hinten. Nichts anderes. Ich hielt die Augenlider unbewegt.

Das Wogen entstand. Es hebte sich die Leinwand hervor und darauf mit pastellfarbenden Tonen gemalte Landschaft. Da zerschplitterte sie ... und zerfiel.

Da war eine Tür. Schwer, mit Blech überschlagen. Ich war vor dieser Tür und berührte sie mit meiner Fingerspitze. Die war echt. Etwas mit Staub bedeckt und spinnwebig. Ich stoss sie. Die Tür ging auf und es öffnete sich ein langer Korridor dessen Ende nicht zu erkennen war. An der Decke brannten die Lichter. Ich ging den Korridor entlang. Der bretternde Boden quietschte. Die Wände waren hellblau. Ich klopfte mit dem Fingerknöchel - Putz. Hab' ich das schon gesagt, dass der Fussboden quietschte? Ach ja -hab' ich. Ich ging und ging.

Da sah ich die Türen, wieder Türen - an beiden Wänden, alle zehn Meter eine.

Die allererste Tür öffnete sich und es trat ein Riese in den Korridor ein.

"Stopp!" sagte er und seine Stimme dröhnte durch mich.

Der Riese reichte bis an die Decke. Er war mager und blass, sein haarloser Kopf schien riesig und sehr unnatürlich. Er hatte ein blaugraues Hemd mit langen Ärmeln, schwarze Hose und schwarze, schön geputzte Schuhe an.

"Wer bist du?" fragte der Riese langsam und starrte mich mit seinen Augen an.

"Ich bin Jaak, Sohn des Jaaks, der Hofbesitzer von Kassaka." erklärte ich.

Der Riese starrte mich weiter an. Nichts in seinem Gesicht bewegte sich. Da steckte er seine Hand in die Hosentasche und holte den Kamm heraus.

"Nimm diesen Kamm," sagte der Riese und gab den mir.

Ich nahm den Kamm. Dabei berührte ich die Hand des Riesen; die war eiskalt.

"Danke," sagte ich.

"Weisst du, was man damit tun kann?" fragte der Riese.

"Eee...sich das Haar kämmen, zum Beispiel?" schlug ich vor.

"Genau," sagte der Riese, "ich gebe es dir, weil ich, wie du schon sehen kannst, brauche keinen Kamm mehr. Und vergiss es nicht - eine stöhnende Arbeit bringt den Bösen ins Haus."

"Was?"

Aber der Reise sagte weiter nichts. Trat nur in sein Zimmer zurück und schlug sogar die Tür zu. Ich starrte nur den Kamm in meiner Hand. Das war ja ein guter Kamm, schön dicht. So steckte ich das nützliche Ding sorgfältig in die Tasche. Dann ging ich weiter. Soweit ich im Korridor sehen konnte, gab es da nur Türen. Etwas fiel mir langsam ein. Es war schon lange her. Dieselbe Türen.

Ich drückte die Klinke der erstbesten Tür und öffnete sie vorsichtig einen Spalt weit. Ich spähte durch den Spalt. Dann öffnete ich die Tür, trat herein und machte die Tür hinter mir zu.

Das Strahlenbündel, in dem die Stäubchen tanzten, beleuchtete das runde Zimmer aus gelbem Marmor. In der Mitte des Zimmers stand ein wunderschönes Puppentheater. Den Vorhang schmückte der glänzende goldene Zickzack eines Blitzes. An beiden Seiten des Vorhangs hebten sich zwei viereckige Türme, die so gestrichen waren, als wären sie aus kleinen Ziegelsteinen gebaut. Die hohen, grünen Blechdächer glitzerten. Der rechte Turm hatte ein rundes Fenster mit einer mehrfarbigen Glasscheibe. Über dieses Fenster, auf dem grünen Blechdach sass ein Zwerg mit einer roten Jacke. Er baumelte mit den Beinen und nagte an der Mohrrübe.

"Jaak!" rief der Zwerg, sprang vom Blechdach herunter, landete mit einem dumpfen Knall auf dem Fussboden und lief schnell über das Zimmer. "Bist du es wirklich? Wieder hierzulande? Ich dachte schon, dass... ich weiss nicht, tot oder so."

"Onkel Kustas!" rief ich, "und das bist wirklich du?"

Wir umarmten.

"Na wer denn noch, wenn nicht ich! Wo warst du denn die ganze Zeit?"

"In der Stadt. Ich studierte."

"Ach ja! Hast studiert!"

"Und du, immer noch mit deinem Theater!"

"Wie kann ich denn anders!"

Wir schauten einander glücklich, wie alte Kameraden an, die die Zeit lange voneinander getrennt hat.

"Aber jetzt Schluss mit dem Blödsinn," sagte Onkel Kustas entschlossen. "Ich habe noch etwa zwei Stunden vor der Abendaufführung Zeit. Komm und feiern wir ein bisschen wie in alten Zeiten. Gehen wir vielleicht auf den Balkon und bewerfen die Menschen mit Eiern?"

"Oh. Das wäre ja toll!" sprang ich vor Freude.

Auf den Balkon konnte man nur durch eine, mit dem dicken und dunkelblauen Vorhang verhüllten Nische gehen. Ohkel Kustas zog die Gardine rasselnd auf und öffnete die Tür. Der nasse und trübe, ein bisschen nach Benzin riechender Meereswind wehte ins Gesicht. Es war bewölkt; der Regen hat gerade aufgehört. Aber der blaue Himmel liess sich schon zwischen den Wolken erblicken und vom Westen konnte man sogar die Sonne sehen. Es herrschte eine dämmerige und trübe Kühle eines Aprilabends.

Onkel Kustas trat auf den Balkon und ich folgte ihm. Wir waren hoch über die Stadt. Es waren Dächer, Dächer, Dächer und weit unten Strassen, Strassen, Strassen zu sehen. Auf den Strassen gingen winzig kleine Menschen und fuhren genauso kleine Autos. Schwach konnte man den Verkehrs- und Strassenlärm wahrnehmen.

"Wir befinden uns im achtundreissigsten Stock," erklärte Onkel Kustas. "Über uns gibt es niemanden mehr."

Ich schwieg. Der kühle und nasse Wind schlug mir ins Gesicht. Das war gut, beruhigend. Besonders nach der Schwüle, dem faulen Geruch und der Dämmerung der Korridore.

"Einmal schlug ich von hier aus einen Hund mit Ei tot," erzählte Onkel Kustas. "Man muss natürlich auch wissen, auf was man zielt. Warte, ich bringe zwei Kartons Eier. (Geht weg.)

Ich lehnte mich über ein Geländer und spuckte runter. Das Geländer war einmal rotfarbig.

Onkel Kustas kam zurück. Er hatte zwei Kartons mit Eiern und zwei Fernröhre in der Hand. "Du musst immer mit der Zeit rechnen, wie lange das Ei fällt. Das sind etwa achteinhalb Sekunden. Wirf ein wenig früher. Und sei nicht so aktiv; du sollst eher die Hand rausstecken und das Ei fallen lassen," lehrte Onkel Kustas. Wir nahmen beide ein Ei und - hui! - los ging's. Die weissen Klumpen sausten in die Tiefe. Wir beobachteten sie durch die Fernröhre. Als Ziel haben wir anscheinend ein und dasselbe Auto ausgewählt und wahrscheinlich auch getroffen. Wir lachten. "Verstecken wir uns ein bisschen," sagte dann Onkel Kustas. Wir nahmen gleich da auf einer Bank Platz. Der Kamerad suhte aus der Busentasche die Möhre heraus.

"Willst du eine Tätovierung haben?" fragte er plötzlich. "Ich kennne da einen, der macht. Billig übrigens und gut. Ich weiss, du bist damit nicht einverstanden, aber sag's besser gleich nicht nein, denk vorher nach."

Ich habe über das Angebot nicht lange nachgedacht. Ich will ja wirklich nicht. Sowas bleibt ja das ganze Leben lang.

"Damals habe ich auch selbst tätoviert."sprach Onkel Kustas. "Ich hab' sogar die Maschine zu Hause. Hab' von einem Freund bekommen. Da habe ich tätowiert. Einmal war ich besoffen, als ich tätovierte. Dem ich es gemacht habe, war selbst auch voll. Na ja, er wollte ja ein Playboybunny auf seinem Arsch haben. Hab's auch gemacht. Dann sind wir eingeschlafen. Am nächstem Morgen kommt der Typ zu mir in die Küche und schimpft, warum ihm der Arsch ja so weh tut. Er konnte sich nicht mehr daran erinnern, was er in der Nacht wollte. Ich auch nicht. Das war aber lustig. Dann ging die Maschine kaputt und ich hatte auch keine Lust mehr, sie zu reparieren. Liegt übrigens noch jetzt unter dem Bett. Ich ging ja damals schon an die Universität, um Schauspieler zu werden und da hatte ich einfach keine Zeit mehr für die Tätovierungen. Du, werfen wir jetzt noch mal."

Wir standen auf.

"Ich will keine Tätovierung haben," sagte ich.

"Musst' es selber wissen."

Wir nahmen die Eier und liessen sie fallen. Wir trafen die Opfer und haben gelacht. Das war ein fröhliches Lachen.

So verging die Stunde und begann die zweite.

"Du, ich muss mich jetzt vorbereiten," sagte Onkel Kustas.

"Okay."

"Komm mal wieder. Dann machen wir etwas blödes mit Telefon oder wir bestellen uns eine Stripteasetänzerin."

"Okay," sagte ich.

Wir verabschiedeten uns.

Ich stand wieder im Korridor. Ich dachte nicht lange nach, sondern öffnete die gegenüberstehende Tür. Mir strömte ein warmer und angenehm parfümierter Duft entgegen. Ich trat ein und die Tür schloss sich von selbst.

Das Zimmer war klein und dämmrig, fast dunkel. Der ganze Fussboden war mit einem dicken und wolligen Teppich bedeckt. An der Wand stand ein grosses und weiches Sofa. Am Sofa stand ein Nachtschrank, auf dem eine kleine blaue Lampe schwach und bläulich schimmerte. Alle Wände waren mit einem warmen, dunkelroten Samt bedeckt. Es gab keine Fenster. Im hinteren Teil des Zimmers waren nur zwei, einander gegenüberstehende Türöffnungen zu sehen, verhüllt mit irgendeinen schwarzen, undurchsichtigen aber dünnen Vorhängen, die sich in einem Luftzug leise und einladend bewegten. Die Atmosphäre war gemütlich und voll von Intimität. Ich entkleidete mich.

Dann trat ich durch die linke Türöffnung in das nächste Zimmer. Die Vorhänge streichelten angenehm meinen Körper, als ich eintrat.

Plötzlich wurde alles unheimlich hell, so dass ich mit den Augen blinzeln musste, damit sie sich an das Licht gewöhnen konnten. Den ganzen Raum füllende Wolken eines weissen Dampfes hüllten mich; weder Dach, noch die gegenüberstehende Wand waren zu sehen. Das ganze Zimmer war, soweit man sehen konnte, mit den weissgrauen Kacheln bedeckt.

In deisem Raum waren zwei Schwimmbecken eingebaut, ein mit warmem und das andere mit kaltem Wasser.

Ich ging zuerst, ganz vorsichtig, ohne mich zu beeilen in das mit warmem Wasser. Ach! Das war so gut. Dann kletterte ich heraus und sprang in das kalte Wasser. Aha! Ich fühlte mich wohl. Ich war frei.

Ich sah, dass man aus diesem Zimmer immer weiter in die andere gehen konnte. Hier hing vor der Türöffnung ein Stoff aus weissem Wachstuch. Ich schlüpfte in das andere Zimmer.

Ich fand mich mitten der Dunkelheit. Ich hörte, wie das Blut in meinem Kopf pochte. Nichts anderes hab' ich gehört. Ich bewegte mich schrittweise, mit den Händen tastend im Zimmer weiter. Der Raum war gross, sehr gross. Plötzlich habe ich die Richtung verloren. Ich konnte und konnte die gegenüberstehende Wand nicht erreichen. Die Wassertropfen auf meinem Körper verdampften langsam. Ich spürte, dass ich die Wärme ausstrahle. Ich bewegte die Finger vor meinen Augen; ich konnte nichts sehen. Ich begriff, dass ich kein Mensch aus Fleisch und Blut bin, sondern ein Teil der formlosen Dunkelheit.

Ich konnte und konnte die Wand nicht erreichen. Es vergangen die Minuten und Minuten. Ich dachte, dass das Zimmer gar kein Ende hat.

Aber dann... kam die Wand. Ich ging tastend die Wand entlang und suchte nach dem anderen Vorhang. Endlich spürte ich es unter meinen Fingern.

[€] "Lipamäe" blogi asutatud!

Rõõm, skandaal ja mõõtmatu kaif - NAK alustab jõulist laienemist rahvusvahelisele turule. Käesolevasse blogisse kannan kolmes keeles (saksa, prantsuse, inglise) väljavõtted Wimbergi (tuntud ka kui Jaak Urmet) esikromaanist "Lipamäe".

Head lugemist,
Vahur Afanasjev